Pyxide pédiculée

origine

Flandre ou Artois, v. 1215-1225

conservation

Saint-Omer musée Sandelin, inv. D. 41

dimensions

H. 16; D. 9,8 cm

materiaux

Cuivre martelé, gravé puis doré, filigranes à deux fils accolés, cabochons de verre

expositions

Paris 1965, n° 54, pl. 9; Nice 1982, document n° 14, p. 45-46; Saint-Omer 1992, cat. 3, p. 42-45; Paris 2013, cat. 90, p. 154.

Historique

Retrouvée, avant 1854, dans l'armoire de la sacristie de l'ancienne cathédrale de Saint-Omer ; déposée au musée Sandelin en 1991.

État de conservation

Bon état général. Le sommet du couvercle possède un trou qui servait probablement à passer un anneau, afin de suspendre l'objet au-dessus de l'autel. À l'origine, un revêtement plein (verre, cristal ou cuivre) placé derrière le tambour, devait protéger les hosties consacrées (espèces eucharistiques).

Commentaire

Cette custode (boîte) cylindrique de cuivre doré, appelée pyxide ou réserve eucharistique, se compose d'un large tambour cylindrique, coiffé d'un couvercle articulé à charnières, en forme d'édicule à toit conique, en métal plein.

Elle repose sur un pied rond, d'où l'adjectif « pédiculé », orné de rinceaux de palmettes gravés en creux, d'un nœud circulaire aplati, enchâssé par deux collerettes feuillagées en relief. Dans sa partie supérieure, trois frises de petites arcatures ajourées en plein cintre se déploient, en alternance avec des bandeaux de cabochons de verre coloré et de rinceaux filigranés. Constitués de deux fils accolés et d'une seule granulation, ces filigranes ne sont pas sans rappeler ceux réalisés dans l'atelier de Hugo d'Oignies, moine orfèvre du prieuré du même nom, près de Namur (Belgique) : Musées de Arts Anciens, Oignies et l'orfèvrerie d'Hugo.

De par sa structure ajourée, l'œuvre appartient à un petit groupe de pièces de forme semblable, parmi lesquelles figurent les pyxides d'Aywières (vers 1225-1250, Bruxelles, Musées Royaux d'Art et d'Histoire, Inv. 2875), du Walters Art Museum de Baltimore, du musée d'Amiens, du trésor de Saint- Cunibert de Cologne et du musée de Cluny à Paris (Cl. 22860).

La fonction de ces objets - reliquaires ou réserves eucharistiques - a longtemps été débattue. La plupart des chercheurs s'accordent pour les considérer comme des pyxides destinées à conserver les hosties consacrées.

Cependant, il est possible que certaines d'entre elles, munies d'un cristal leur conférant alors la valeur de monstrance, aient pu dès l'origine ou à un moment de leur histoire avoir conservé des reliques. Ce n'est pas le cas de la pyxide de Saint-Omer. En effet, par la forme d'une tourelle surmontée d'un toit conique et ajouré, elle évoque l'architecture du Saint-Sépulcre de Jérusalem, telle que les Occidentaux se le représentaient à l'époque. Par ailleurs, la présence du trou au sommet de ce toit servant à passer un anneau de suspension, renvoie aux custodes eucharistiques de cette forme que l'on avait pris l'habitude de suspendre au-dessus de l'autel, depuis au moins le XI e siècle. Des exemples en sont attestés localement en Artois et en Picardie (Puys d'Amiens de 1502 (Le sacre de Louis XII), Paris, musée de Cluny, inv. Cl. 822a, ill. détail de la suspense eucharistique au-dessus de l'autel).

Le sacre de Louis XII, Paris, musée de Cluny, inv. Cl. 822a, ill.

Le style du décor (motifs gravés et filigranes simples) situe l'exécution de l'objet dans les deux premières décennies du XIII e siècle, probablement par un orfèvre local.

Bibliographie

Guy Blazy (dir.), Trésor des églises de l'arrondissement de Saint-Omer, cat. d'expo. (Saint-Omer, Musée Sandelin, 1992), Saint-Omer, 1992, cat. 3, p. 42-45 (notice Élisabeth Taburet-Delahaye)

  • Deschamps de Pas 1854, p. 121-123
  • Barraud 1858, p. 396-442
  • Rohault de Fleury 1887, p. 86
  • Verdier 1974, p. 257-282
  • Lestocquoy 1939, p. 9-12, fig. 7
  • Gauthier 1983, p. 118, n° 66
  • Foucart 1989, n° 29, p. 6-16

Marc Gil, 2023