Croix-reliquaire de la Vraie Croix, dite Croix de Clairmarais

origine

Nord de la France (Clairmarais ou Saint-Omer ?), vers 1210-1220

conservation

Saint-Omer, Musée de l’hôtel Sandelin, inv. D 30

dimensions

H. 65,2 ; l. 34,4 ; Pr. 2,9 cm

materiaux

Argent doré, ciselé et gravé sur âme de bois ; filigranes, nielles, perles, émaux cloisonnés et gemmes – parmi lesquelles 1 intaille antique.

expositions

Lille 1874, n°500 ; Paris 1965, n°55 ; New York 1970, p. 123 ; Bologne 1979, p. 61 ; Cologne/Bruxelles 1972, p. 344 ; Venise 1984, p. 269 ; Saint-Omer 1992, n°2 ; Paris/New York 1995, p. 356 ; Namur 2003, p. 354-355 ; Paris/Saint-Omer 2013, n°89.

Relique

À l’avers : trois logettes cruciformes, inscrites chacune dans un quadrilobe, sont disposées sur le montant de la croix. Seule la logette centrale a conservé les deux morceaux de la Vraie Croix : les deux autres ont été comblées par une série de perles.

Inscriptions

  • Autour des médaillons illustrés du revers:
    • autour du Christ en Majesté : « A + ω EGO SUM A ω PRINCIPIUM ET FINIS »
    • autour de la Vierge : « SANCTA MARIA »
    • autour de saint Jean de la Crucifixion : « + IOHANNES APOSTELUS [sic] »
    • autour de saint Jean au pupitre : « IOHANNES APOSTOLUS »
    • autour de saint Marc au pupitre : « + MARCUS EVVANGELISTA »
    • autour de saint Luc au pupitre « + LUCAS EVVANGELISTA »
    • autour de saint Matthieu : « + MATHEUS APOSTOLUS »
  • Autour des extrémités fleuronnées, dans le sens horaire en partant du haut :
    • « + IOHANNES APOSTOLUS ET EVAGELISTA [sic] VIRGO DEI ELECTUS »
    • « OS VITULI LUCAM DECLARAT QUI SPECIALEM MATERIAM SUMPSIT DE CRUCE CRISTE TUA »
    • « + MATHEO SPECIES HUMANA DATUR QUIA SCRIPTO • INDICAT E TITULO QUID DEUS EGIT HOMO »
    • « + AVE MARIA GRACIA PLENA DOMINUS TECUM BENEDICTA TU IN MULIERIBUS ET BENED... »
    • « + EFFIGIAT MARCUM LEO CUIUS LITTERA CLAMAT QUANTA SURREXIT UI TUA XPE EARO [sic] »

Historique

D’après la légende, la croix-reliquaire de Clairmarais aurait été créée pour recevoir les reliques de la Vraie Croix rapportées de Terre Sainte par le comte de Flandre Thierry d’Alsace, fondateur de l’abbaye cistercienne Notre-Dame de Clairmarais.

Après sa suppression en 1791, les héritiers du dernier abbé qui avait récupéré l’objet le vendent à M. Lefèvre-Hermand qui en fit don à la confrérie Notre-Dame-des-Miracles de Saint-Omer. Classé monument historique le 11 mai 1897, il se trouve, depuis 1979, en dépôt au musée de l’hôtel Sandelin.

Etat de conservation

L’état de conservation est bon. L’avers filigrané a moins souffert que le revers qui présente des altérations et manques notables : des portions entières de la bordure perlée et quatre rosettes de granulations sur les anneaux ont disparu.

Le décor niellé des extrémités latérales et supérieure est fortement oxydé et le médaillon sous les pieds du Christ, fortement endommagé.

Iconographie

À l’intersection de la traverse inférieure, le Christ crucifié, les yeux clos et la tête penchée, est attaché par quatre clous, tandis que ses plaies laissent s’échapper de minces filets de sang. Tout semble indiquer ici qu’il vient d’expirer.

De sa tête fleurit une longue tige bifide terminée en palmettes, qui établit un lien visuel avec le Salvator Mundi, inscrit dans une mandorle, du registre supérieur. À ses pieds, l’Adam ressuscité se hisse de son tombeau ouvert, le visage dirigé vers le haut.

Les extrémités de la traverse inférieure portent, quant à elle, les représentations de la Vierge et de l’apôtre Jean - à l’affliction caractéristique de la Crucifixion - tandis que les quatre médaillons restants présentent les évangélistes à leur pupitre.

Commentaire

Pour les commentaires voir : Lucas Fellag, L’iconographie des croix reliquaires septentrionales (fin XII e -début XIII e siècle), 3 tomes, mémoire de recherche inédit, Master 2 d’histoire de l’art, sous la dir. de Marc Gil, Université de Lille, juin 2020, t. III, cat. 12.

Bibliographie

  • Deschamps de Pas 1854, p. 285-293
  • Van Drival 1859, p. 2
  • De Laplane 1863, p. 54-55
  • Loriquet 1892, p. 124-127
  • Evans 1948, p. 72
  • Collon-Gevaert 1951, p. 214
  • Thoby 1959, p. 147-148
  • Steingräber 1960, p. 196 et 198-199
  • Frolow 1961, n°519
  • Frolow 1965, n°519
  • De Borchgrave d’Altena 1966, p. 111-112
  • Grimme 1972, p. 52-53
  • Gauthier 1974, p. 205
  • Verdier 1974, p. 279-280
  • Gauthier 1983, n°85 et p. 144
  • Sauerländer 1989, p. 85
  • Taburet-Delahaye 1989, p. 56
  • Favreau 1996, p. 541
  • Dewanckel 2001-2002, p. 63
  • Mangold 2003, p. 90, 152
  • Coipel 2004 (I), n°4
  • Favreau 2005, p. 1018
  • García de Castro Valdés 2009, p. 396
  • Mezzacasa 2014, p. 185-186
  • Fellag 2020, t. III, cat.12.